Le vent soufflait les feuilles de la forêt. Ô combien celles-ci étaient vertes en cette saison d'été, un chaud soleil peinait avec grande misère à traverser toutes ces branches qui lui faisaient obstacles. Puis, venant de l'ouest, un bruit sourd suivi de plusieurs craquements de petites branches.
Tout se déroula si vite sous les yeux de ce petit écureuil. Pauvre de lui : alors qu'il grignotait une noix comme à son habitude, cette fois il ne put la terminer. Effectivement, la peur s'insinua en lui lorsqu'il entendit tous ces bruits qui se rapprochaient et il se réfugia dans son trou au creux de l'arbre, endroit qu'il avait pris comme habitat naturel. Pourtant, sa curiosité innée l'incita tout de même à jeter un regard sur les événements qui se dérouleraient sous peu. C'est ainsi qu'il sortit une tête timide et craintive et la tourna vers le sol afin que son regard se porte sur une scène intrigante.
Un animal était étendu près de l'arbre, le cou étant tranché de façon respectueuse. De son corps, l'on pouvait capter des signes que ce fut auparavant un cerf majestueux. Encore plus étrange, un être était en train de creuser un large trou à même le sol avec ses propres mains. De dos, tout ce qui pouvait être vu est la carrure impressionnante de son corps. Quant à sa tâche ardue, cela lui prit presque 1 heure afin de terminer ce qu'il désirait faire. Pendant ce long moment lassant, mais non moins inhabituel, l'écureuil était sorti et s'était installé confortablement sur sa branche afin de mieux voir ce qui se passait. Il fut bien content lorsque son autre ami écureuil vint le visiter afin de partager cette vision avec lui, du moins dans leur langage respectif !
Sortant de ce grand trou, l'être étrange s'essuya le visage à l'aide de fourrures légères, puis s'étira. Les écureuils virent alors un Nalkiri musclé et assez massif un corps respectant honorablement la nature de son peuple et paraissant dans la mi-vingtaine. Puis, ils crurent d'abord à une chevelure brune, mais lorsque le soleil réussit finalement à pénétrer toutes ces branches rebelles et atteindre le Nalkiri, ils purent distinguer la nuance des cheveux qui montraient désormais une lueur rousse. Sa peau brunâtre, voir bronzée ressemblait fortement à certaines écorces d'arbres. Finalement, il portait un kilt d'une couleur blanche. Ce contraste avec le reste de sa personne en intriguait souvent plus d'un, mais pour le moment, peu de gens connaissaient la raison de cette couleur. Il n'en reste pas moins que la majorité du peuple pensait que c'était celle de sa famille, comme le voulait la culture Nalkiri (*).
Après ce bref repos et quelques étirements, le Nalkiri découpa en tranches les parties les plus importantes du cerf : les cornes, les griffes et la viande que celui-ci pourrait lui fournir. Déposant son couteau de chasse au sol à ses côtés, il prit le reste du corps de l'animal et le mit en sol dans le trou creusé par ses soins. Terminant ensuite de remettre la terre pour en faire le dernier lieu de celui s'étant sacrifié avec bravoure, il se mit à genoux et incita ces quelques paroles à basse-voix :
- Moi, Turdok de famille Bardek, venir de honorer tu par ça chasse ! Grand femelle Aeltisis qui surveiller je peuple, je refermaer tu ! Tu mettre sur je chemin ça cerf qui aller donner viandes pour gros gros jours !! Prendre gros soin de ça animal, il donner il vie pour Nalkiri.
Puis, lentement, il reprit son couteau de chasse pour le ranger à son endroit habituel sur le côté de sa cheville droite. Se relevant ensuite, il prit le sac de fourrure où il avait tout empilé pêle-mêle à l'intérieur et, tout en le déposant sur ses épaules, il reprit le chemin du village en sifflant d'un air fier. Sa fille serait contente de le revoir après ces quelques jours d'absence en forêt !
(*)Culture Nalkiri : Optionnel, ceci peut être sujet à développement. Ce serait une simple tradition qui veut que les mâles portant le kilt sont fiers de porter la couleur familiale.